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21/04/2007

Le bonheur c'est quoi ?

Dans une émission retraçant les meilleures émissions choisies par Gildas et Ardisson nous avons eu droit il y amedium_berger.jpg quelques temps déjà, à une séquence du « Petit Journal » animé alors par un Jacques Martin au mieux de sa forme, assisté des compères très drôles comme Collaro, le dessinateur Piem, Desproges, Daniel Prévot, et Pierre Bonte.
Pierre Bonte était le monsieur France profonde. En fait, il parcourait la France au niveau des seuls villages de l’hexagone pour en retirer des interviews naturels de la vie des paysans, des agriculteurs, chacun dans leur spécifité.
A chaque fois ses reportages étaient appréciés pour leur fraîcheur naturelle et leur sincérité apparente.
Pierre Bonte, pour en venir à ce que je veux vous dire, rapportait lors de cette émission qu’il avait rencontré un berger dans les Pyrénées, qui l’avait étonné par sa sagesse et le discours qu’il avait tenu au sujet du bonheur, car il avait , lui, trouvé le bonheur.
Pierre Bonte décida alors de faire profiter les téléspectateurs de cette étonnante rencontre et revint voir un peu plus tard ce berger équipé d’un micro, d'un assistant et d’une caméra.
L’homme, voyant arriver Pierre Bonte accompagné refuse alors de parler.
Pierre Bonte insista gentiment. Rien à faire.

« Pourquoi vous ne voulez pas me dire ce que vous m’avez dit quand je vous ai rencontré ? » lui demanda t’il ?
« Parce que tout le monde va entendre ce que je dirais ? »
« Oui, bien sûr, et vous ne voulez pas que les gens profitent de ce que vous avez à leur dire sur le bonheur ? »
« On ne sait pas comment les gens pourront prendre ça, non je ne parlerai pas, je ne les connais pas ! »
« Vous pouvez quand même leur dire comment que vous avez trouvé le bonheur ? »
« Non je ne dirai rien ! »
« Mais pourquoi ? »
« Parce que ce que j’ai à dire sur le bonheur ça ce dit d’homme à homme. Et puis, qu’un homme ne fait pas ce qu’il veut, il fait ce qu’il peut ! je n'ai rien à leur dire ! »

Ce sera tout et obstinément, avec un sourire malicieux, l’homme s’en retourna.

De ceci je retiendrais de cet entêtement apparent, qu’en fait le bonheur, si tenté qu’on l’ai trouvé ne peut et ne doit être mis en équation pour servir de modèle aux autres.
Le bonheur naît d’une certaine aptitude intime à avoir une vision sereine et un sentiment de plénitude de notre propre vie à des moments particuliers.
Le bonheur s’inscrit dans notre ressenti et ne perdure pas dans le temps, de plus, il est fragile et inconstant.
Il n’existe aucune recette pour accéder au bonheur. Courir après le bonheur est vain, car celui ci fuit bien plus vite que vous ne pourrez prétendre l’attraper. C’est pourquoi vous ne pouvez parler du bonheur, du vôtre, qu’à une seule personne à la fois, en confidence, en catimini, sans prétendre enseigner comment faire mais plutôt témoigner.
Le berger avait raison de se taire, car il avait compris qu’en divulguant à la foule ce qu’il avait appris sur le bonheur, son bonheur, lors de ses long mois d’isolement avec ses bêtes ayant pour seuls compagnons la nature et le ciel capricieux, il le détruisait d’un seul coup.
Parler était bien trop risqué.
Son silence, plus qu’aucune autre parole devenait pour nous source d’enseignement.
Le bonheur est ce qu’il y a de plus fragile, comme tous les états de grâce.
Mon bonheur n’est pas le vôtre même s’ils ont quelques points communs.
J’ai bien aimé ce berger et je penserai souvent à lui, à son sourire, ses yeux malicieux, et sa façon de parler en roulant les "r".

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