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07/12/2008

Cas de conscience ?

Cas de conscience ? Imaginez une situation simple.
Vous rencontrez un type en bas de votre immeuble que vous ne connaissez pas particulièrement, sinon de vue. Il vous aborde et après un bref préambule comme n’importe quel voisin pourrait vous débiter, il vous annonce qu’il a un problème. Vous l’écoutez.
« J’ai perdu mon boulot, et ma femme m’envoie acheter du lait pour notre bébé et malheureusement je n’ai plus d’argent aussi pourriez-vous me prêter de quoi faire cet achat ? »
Bien sûr vous mettez votre main à votre poche et lui donnez un petit billet, de quoi acheter le lait pour son bébé.
Quelques jours suivant, au hasard d’une conversation, vous apprenez que le dit type vit seul, qu’il n’a donc ni femme ni enfant et qu’il a abordé de nombreuses personnes leur débitant ce petit scénario.
Alors votre réaction a été de vous dire « Le salaud, il m’a possédé ! Je me suis fait avoir ! ».
En fait vous aviez ressenti tour à tour deux sentiments :
Le premier sentiment, en donnant, était d’avoir eu un élan de générosité spontané, vous vous sentiez un peu meilleur et aviez une bonne opinion de vous.
Le second, le sentiment d’avoir été manipulé qui ne passait pas. Vous oblitériez totalement le fait d’avoir été généreux. Plus aucune générosité dans votre esprit, un soupçon de haine, votre égo en avait pris un coup, vous vous étiez fait avoir.
Et pourtant vous ne devriez pas regretter votre geste spontané car, que s’est il donc passé ?
Et bien, en créant ce scénario, il a tout simplement voulu vous en donner pour votre argent.
Il a pensé que s’il vous abordait en vous disant « Pouvez vous me donner 10 euros ? » Vous lui auriez dit de passer son chemin. Alors que là, il a bâti une histoire qu’il vous a vendu 10 euros, que vous avez estimé valoir et que vous avez acheté.
C’est aussi simple que cela.
Ainsi dans la vie sommes nous toujours, vous et moi, que nous le voulions ou pas, obligé d’enjoliver nos demandes, pour obtenir ce que nous souhaitons avoir. C’est la substance même d’une bonne négociation.
clochard.jpg
Mais imaginons maintenant que j’accède à la demande de donner une obole à un homme pauvre qui le demande, peut-on exiger de lui qu’il suive nos directives pour utiliser cet argent
tel que l’on le souhaiterait ?
L’histoire ci-dessus me renvoie quelques décennies en arrière alors qu’étudiant je me promenais avec un de mes meilleurs copains. Un clochard, sale et odorant assis dos au mur sur la chaussée, sollicitait notre générosité. A l’époque (j’ai gardé assez ce défaut), j’étais tranchant.
Mon copain mis sa main à la poche et lui donna quelques pièces de monnaie pour répondre à sa demande. Avisant quelques bouteilles de vin vides gisant près de lui, je tirais mon ami par la manche et lui fit observer
« T’es fou de lui donner cet argent, ne vois-tu pas qu’il va acheter une bouteille de vin et se saoûler ? »
Il me répondit :
« De quel droit devrais-je lui imposer un choix d’achat ? Il me demande un peu d’argent j’accède à sa demande et je dois le laisser libre de choisir un litre de vin plutôt qu’une baguette de pain, c’est à lui de voir ».
J’étais le moralisateur et je pensais alors sincèrement qu’ainsi je veillais sur la santé de ce pauvre homme en l’empêchant de boire, mais je devais penser autrement car le priver de ressources c’était le laisser mourir.
« Fait ce que doit, advienne que pourra », telle pourrait être la devise de cette dernière histoire.

Commentaires

Très joli conte philosophique. Voilà une manière d'aborder ce qu'est la générosité qui m'a bien amusé
De toutes façons, en effet, quand nous vendons quelque chose, quel que soit le contexte, il n'est pas envisageable de dénigrer ou affadir ce que ce qu'on vend.

En même temps, ce "voisin" qui vous a abordé mine aussi la générosité d'autrui parce qu'il trompe la confiance. Que se passera-t-il quand un individu qui n'a vraiment plus d'argent pour acheter le lait de son bébé abordera la même personne ? Votre conte ne le dit pas...

Écrit par : L'hérétique | 15/01/2009

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